L'arbre à souhaits

"(...)
Un voyageur très fatigué s'assit à l'ombre d'un arbre sans se douter qu'il venait de trouver un arbre magique, l'arbre à réaliser les souhaits.
Assis sur la terre dure, il pensa qu'il serait fort agréable de se retrouver dans un lit moelleux. Aussitôt, ce lit apparut à côté de lui.
Étonné, l'homme s'y installa en disant que le comble du bonheur serait atteint si une jeune fille venait masser ses jambes percluses. La jeune fille apparut et le massa très agréablement.
"J'ai faim, se dit l'homme, et manger à ce moment serait à coup sûr un délice." Une table surgit, chargée de nourritures succulentes. L'homme se régala. Il mangea et il but. La tête lui tournait un peu. Ses paupières, sous l'action du vin et de la fatigue, s'abaissaient. Il se laissa aller de tout son long sur le lit, en pensant encore aux merveilleux événements de cette journée extraordinaire.
"Je vais dormir une heure ou deux, se dit-il. Pourvu qu'un tigre ne passe pas par ici pendant que je dors."
Un tigre surgit aussitôt et le dévora."

De Jean-Claude Carrière in Le cercle des menteurs (Pocket, pp.62-63)
-Je m'engage à retirer cet extrait sur simple demande de l'auteur ou de l'éditeur-

[Crédit photo.: ianduffy, sous licence Creative Commons]

Comment j'interprète ce texte :
Nous pouvons souhaiter qu'une chose, que nous jugeons mauvaise, n'arrive pas. Par le seul fait qu'elle occupe certaines de nos pensées, cette chose, qui ne s'est pas encore produite et ne se produira peut-être jamais, est déjà nuisible.
C'est pourquoi nous devons espérer le meilleur et ne pas penser au pire. Car alors, nous sommes déjà les victimes de ce mal. Comme l'a si bien dit Montaigne : "Qui craint de souffrir, il souffre déjà de ce qu'il craint." Craindre est déjà un mal. Concentrons-nous donc sur nos rêves plutôt que sur nos craintes...

[Texte] Gare à nos souhaits !

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